(Etude B.D.)
Née d’une guerre cruelle que lui imposa l’Etat français, l’Algérie indépendante n’a jamais dérogé depuis 1962 à l’orientation générale de sa politique extérieure de Paix et de Solidarité avec les Peuples qui agissent pour se libérer d’une domination étrangère. Elle est auréolée de son rôle efficace de médiateur international: on peut citer le règlement de la prise d’otages de l’ambassade américaine à Téhéran en 1981 ; le traité de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée en 2000 ; le traité sur le règlement des différends territoriaux entre l’Iran et l’Irak en 1975 ou encore la proclamation de l’Etat de Palestine à Alger en 1988.
L’acte fondateur que constitua la Proclamation du 1er novembre 1954 affirmait la légitimité du combat pour l’indépendance. Le Congrès de la Soummam en 1956 proclamait : « L’invasion et l’occupation d’un pays par une armée étrangère ne sauraient en aucun cas modifier la nationalité de ses habitants. » En 1963, la 1ere Constitution de l’Algérie indépendante s’engageait, dans son Préambule, à pratiquer : « Une politique internationale, basée sur l’indépendance nationale, la coopération internationale, la lutte anti-impérialiste et le soutien effectif aux mouvements de lutte pour l’indépendance ou la libération du pays. » La Constitution de 1976 précisait (Article 89): "Conformément à la Charte des Nations Unies, de l’Organisation de l’Unité Africaine et de la Ligue Arabe, la République algérienne se défend de recourir à la guerre pour porter atteinte à la souveraineté légitime et à la liberté d’autres peuples. Elle s’efforce de régler les différends internationaux par des moyens pacifiques. » et elle confirmait (Article 92) sa solidarité avec les peuples en lutte: « …pour la libération politique et économique, leur droit à l’autodétermination et à l’indépendance.»
Ces engagements se retrouvent intégralement dans l’actuelle Constitution de 1996 amendée, aux articles 25, 26, 27, 28. L’article 25 exprimant notamment le refus de toute intervention de l’armée algérienne hors des frontières de l’Algérie.
Ces principes qui s’appuient sur le postulat du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes perdurent aujourd’hui par-delà les évolutions de sa politique intérieure y compris sa conversion, dans les années 80, à l’économie de marché. Le NEPAD (Nouveau Partenariat Pour le Développement de l’Afrique) dont le Président Bouteflika était un des auteurs avec le Sud-Africain Thabo Mbeki, le Sénégalais Abdoulaye Wade et le Nigérian Olusegun Obasanjo, exprimait dès juillet 2001, au plan économique, cette tentative de promouvoir une politique indépendante de développement dans le cadre d’un marché capitaliste mondialisé.
En politique extérieure, l’Algérie coopère y compris avec les pays occidentaux dans la lutte contre le terrorisme « islamiste » mais elle a désapprouvé les agressions militaires occidentales en Irak, en Afghanistan, en Libye… et refusé de s’associer à l’intervention française au Mali et récemment à la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite d’une dizaine de pays arabes au Yémen.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a rappelé en marge du sommet de Washington (5 et 6 août 2014) l’opposition de son pays à toute nouvelle intervention militaire en Libye et la volonté de l’Algérie de poursuivre ses efforts diplomatiques en vue de résoudre pacifiquement les problèmes posés à la Libye et au Mali (L’Algérie préside les missions de médiation de l’ONU pour le Mali et la Libye), ainsi que son refus de participer à la guerre en Syrie. En décembre 2014, il avait renouvelé le refus de son pays d’engager son armée (17e armée mondiale, 1ère d’Afrique ; le budget algérien de la défense représente 3,3% du PIB) hors des frontières.
L’Etat algérien, bien qu’adhérent depuis 2000 au Dialogue méditerranéen de l’OTAN et participant à certaines opérations conjointes contre le terrorisme, continue de refuser l’installation sur son sol du commandement militaire US, l’Africom, et préconise une politique de développement économique – et non uniquement répressive – pour assainir le terreau sur lequel prolifère le terrorisme.
L’Algérie combat la politique d’annexion de l’Etat d’Israël et soutient le juste combat du peuple palestinien pour un Etat dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. L’Autorité Palestinienne dispose d’une ambassade à Alger.
L’Algérie soutient, conformément à la résolution n°1754 de l’ONU, le droit du peuple Sahraoui à l’autodétermination.
En juin 2010, l’Algérie a annulé la dette (1,5 milliards de dollars US) de 14 pays de l’Afrique de l’Ouest.
Cette orientation de la politique extérieure de l’Algérie plonge ses racines dans la longue guerre à laquelle le peuple algérien a été contraint pour conquérir son indépendance. Celui-ci est profondément imprégné des valeurs d’Amitié et de Solidarité internationale qui inspiraient les moudjahidin de la guerre d’Indépendance.
Bernard DESCHAMPS
21 septembre 2015