l'Humanité
24 août 2015
Mahmoud Abbas a démissionné de la présidence de l’Organisation de libération de la Palestine.
C’est un coup de tonnerre dans un ciel pas si serein que ça ! Samedi, Mahmoud Abbas a présenté sa démission du poste de président du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Et au moins neuf des dix-huit membres de cette instance exécutive – la plus haute de la direction palestinienne – lui ont emboîté le pas. Ces démissions (Abbas reste néanmoins président de l’Autorité palestinienne) provoquent de fait la convocation, dans le mois qui suit, du Conseil national palestinien (CNP), le Parlement de l’OLP, qui ne s’est pratiquement pas réuni depuis près de vingt ans. Le CNP, qui compte 740 membres, répartis dans les territoires occupés et dans la diaspora, regroupe tous les mouvements palestiniens à l’exception des mouvements islamistes du Hamas et du djihad islamique. Réunir une telle instance n’est pas chose facile. La possibilité pour ses membres de se rendre en Cisjordanie occupée où siège l’Autorité palestinienne reste suspendue à l’obtention de laissez-passer de la part d’Israël. Les démissions, elles, ne peuvent être entérinées que par le CNP. En attendant, le comité exécutif continuera ses travaux. C’est la seule instance habilitée à prendre les décisions engageant les Palestiniens – territoires occupés comme de la diaspora – notamment dans le cadre du processus de paix avec Israël. C’est ce comité qui avait signé les accords d’Oslo sur l’autonomie en 1993. Il reste que si Mahmoud Abbas en personne annonce sa démission c’est qu’il y a un problème politique. Samedi, Saeb Erekat a été élu secrétaire général de l’OLP en remplacement de Yasser Abed Rabbo, suspendu par Abbas. Bassam Saleh, membre du comité exécutif et secrétaire général du Parti du peuple palestinien (PPP, communiste), explique à l’Humanité qu’il s’agit « d’essayer de changer le comité exécutif, notamment de remplacer les membres les plus vieux. L’OLP a besoin d’être plus forte. En tant que PPP nous soutenons les efforts pour les changements dans les institutions de l’organisation, mais ce n’est pas suffisant. Il faut également une nouvelle stratégie ». À cet effet, des discussions et des rencontres doivent se tenir dans les prochaines semaines, entre les différentes factions de l’OLP. Ces démissions surviennent alors que le processus de paix est bloqué et que les rumeurs se font de plus en plus insistantes sur un possible accord entre Israël et le Hamas concernant la bande de Gaza et l’instauration d’un cessez-le-feu. Ce qui ne ferait qu’entériner la division politique et géographique des Palestiniens.
P.B.