Maurice Audin, un intellectuel engagé pour l’Algérie
Le 21 juin 1957, Maurice Audin, ce mathématicien algérien, est mort sous la torture à l'âge de 25 ans. Maurice Audin, symbole de l'intellectuel engagé avec son peuple dans la lutte pour l'indépendance nationale, figure parmi les milliers de disparus au cours de la répression de 1957. Maurice Audin est né le 14 février 1932 à Béja (Tunisie), est mathématicien à l’université d’Alger, membre du Parti communiste algérien et militant de l'indépendance algérienne. Après son arrestation, le 11 juin 1957 au cours de la bataille d'Alger, il meurt le 21 du même mois ; pour ses proches ainsi que pour nombre de journalistes et d'historiens, notamment Pierre Vidal-Naquet, il est mort pendant son interrogatoire par des parachutistes. Cette thèse a longtemps été rejetée par l'armée française qui affirmait qu'il s'était évadé, jusqu'à ce que le tristement célèbre général Aussaresses affirme avoir donné l'ordre de tuer Maurice Audin. En juin 1957, en pleine bataille d’Alger alors aux mains des parachutistes des généraux Massu et Bigeard, disparaissait, Maurice Audin, qui était membre du PCA, fut torturé, comme en témoigna Henri Alleg, et assassiné par un militaire français. Il était marié à Josette Audin, et père de trois jeunes enfants. Etudiant brillant, il avait commencé une thèse en analyse fonctionnelle à l’Université d’Alger sous la direction de René de Possel, qu’il terminait sous la direction de Laurent Schwartz. La disparition de Maurice Audin fut emblématique des trois mille disparus de la sinistre bataille d’Alger. En visite officielle en Algérie, l’actuel Président français François Hollande s’est rendu le jeudi 20 décembre 2012 à la place Maurice Audin, à Alger, pour rendre hommage au mathématicien communiste, où il a déposé une gerbe de fleurs sous la plaque commémorative érigée à sa mémoire. Sa veuve, Josette Audin, a écrit, à plusieurs reprises, aux autorités françaises pour connaître la vérité sur l’assassinat de ce militant algérien. «Je vous écris au sujet de mon mari, Maurice Audin. En 1957, nous vivions à Alger, avec nos trois enfants (3 ans, 20 mois et 1 mois). C’était la guerre d’Algérie», c’est en ces termes que Madame Josette a débuté sa missive à François Hollande en lui rappelant que «comme beaucoup d’autres Algériens, Maurice était engagé dans la lutte pour la libération de l’Algérie. Comme beaucoup d’autres Algériens, il a été arrêté par les parachutistes français, responsables «du maintien de l’ordre». Oui, c’était le 11 Juin 1957, pendant la bataille d’Alger. Comme beaucoup d’autres Algériens, il a été atrocement torturé, torturé jusqu’à la mort ; les militaires français, responsables de son assassinat, ont prétendu qu’il s’était évadé au cours d’un transfert. Les autorités civiles, militaires, juridiques, françaises s’en sont toujours tenues à cette thèse. Pourtant, madame Audin fait remarquer au président Français que «des historiens, dont Pierre Vidal-Naquet, ont établi que mon mari était mort sous la torture». Une journaliste même dénommée Nathalie Funès, a trouvé récemment, dans les archives d’une université américaine, des éléments nouveaux. Il est temps, 50 ans après la fin de la guerre d’Algérie, que la vérité soit connue et reconnue sur les circonstances de l’assassinat de ce grand militant de la cause Algérienne. Beaucoup d’historiens Français et Algériens à l’instar de Raphaëlle Branche, estiment qu’il est urgent «d’interroger les témoins encore vivants de cette histoire, seuls à même de dire ce qui s’est passé». L’Algérie éternelle est fière de Maurice Audin.
Hocine Smaâli