Un moment rare. Un reportage positif sur l’Algérie. La découverte passionnante et empreinte de tendresse de paysages de rêve et d’une population attachante. Une émission complaisante diront certains. Une émission honnête – critique sous certains aspects – mais si éloignée des clichés et des calomnies habituels que des téléspectateurs ont dû être surpris car pris à contre-pied dans leurs certitudes.
D’Oran à Annaba, quelque 1 600 km de la côte sud de la Méditerranée. Des plages de sable blond, des criques sauvages, une île peuplée d’oiseaux, une faune sous-marine multicolore, des forêts qui plongent dans la mer…Une quasi absence de béton. Une côte préservée. Et des villes. Oran et ses nuits festives. Tipasa et ses fabuleuses ruines romaines. Des ports de pêche comme Bou Haroun, leurs pêches miraculeuses d’espadons et de mérous et leurs « criées à l’oreille ». Alger, sa Casbah mystérieuse et l’architecture haussmannienne du front de mer. Béjaïa et le Pic des singes. Tichy ses plages et ses touristes. Annaba et son souk. Jihel, Ekala…Et la mer toujours. La mère…
Mais surtout une population qui revit après la terrible décennie noire. Mohamed, le jeune chanteur de raï interprète de Way, Way. Samia la monitrice de plongée sous-marine. Fatima, la patronne-pêcheur aux commandes de son chalutier. Karim le cuisinier-poète et son couscous de poissons. Houria l’architecte, nièce de Djamila Bouhired, l‘héroïne de la guerre d’indépendance dont le portrait orne une pièce de l’appartement d’Houria dans la Casbah. Et puis un parler savoureux à base d’arabe métissé de kabyle et de quelques mots français. Un parler chaleureux, souvent moqueur, champion de l’autodérision mais si fraternel. Trois femmes actives, investies de responsabilités à l’image de l’Algérie où un magistrat sur deux, un médecin sur deux et un enseignant sur deux est une femme. Des femmes dont nous avions fait la connaissance à travers un des films de Mariem Hamidat présenté au 7e Panorama du Cinéma Algérien dans le Gard. « Rien n’est impossible à la femme algérienne ».
D’aucuns ont vraisemblablement été surpris par les bikinis sur les plages et les nuits chaudes d’Oran, de Sidi Fredj, de Tichy…Des crispations moralisatrices existent certes encore ici ou là, mais ce qui est nouveau et se développe est la soif de vivre d’une jeunesse qui représente la moitié de la population. Une jeunesse qui ne perd cependant pas de vue les valeurs qui ont animé ses aînés dans le combat pour l’Indépendance. Avez-vous remarqué la présence en tous lieux des couleurs vert-blanc-rouge frappées du croissant et de l’étoile ? Ce soir, plus que jamais je suis Algérien.
Bernard DESCHAMPS 03 avril 2015