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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 17:25
LE SOLEIL SE LEVE A L'EST

Réminiscence. Mais dans d’autres circonstances historiques. Avec la victoire de Syriza en Grèce, un espoir se lève. Les pressions vont être considérables. Je forme des vœux pour que la coalition politique à laquelle appartient le poète Manolis Glezos, le héros de l’Acropole, sache les surmonter. Je ne sais pas si l’autre grand poète grec qui m’est cher, Yannis Ritsos aurait voté Syriza. Pourtant c’est à lui qui a tant donné et tant souffert pour une Grèce démocratique que je pense ce soir et je relis avec émotion ce poème :

« Le jour se lève.

La brume se retire.

Les choses

dures brillantes et non démenties.

Je ne sais combien de mois nous dormîmes.

Oubliés nous fûmes oublieux

dans un éblouissement dense

de nuit et de soleil.

Je ne pleure pas

parce que le sommeil m'a renié.

Derrière notre jardin

existent aussi d'autres jardins.

La mort gravit

échelon après échelon l'échelle

qui mène au ciel.

S'enfuit l'été

mais la chanson demeure.

Pourtant toi qui n'a pas de voix

où te réfugier à l'abri du vent ?

Comment accorderas-tu la lumière à la terre ?

Ouvre les fenêtres

qu'entre la lumière

l'indomptée rafale du vent

l'haleine âcre

des montagnes grandioses.

Regarde l'inépuisable sourit

devant les bras croisés.

Délie les bras.

Ouvre les fenêtres

afin de voir l'univers en fleurs

de tous les coquelicots de notre sang

- que tu apprennes à sourire.

Tu ne vois pas ?

Dès lors que s'éloigne le printemps

derrière lui arrive notre nouveau printemps.

Le voilà le soleil

par-dessus les cités de bronze

par-dessus les vertes terres

en nos coeurs.

Je sens aux épaules

le fourmillement intense

alors que poussent

toujours plus jeunes et plus larges

nos ailes.

Relève tes cils.

Le monde resplendit

hors de ta tristesse

lumière et sang

chant et silence.

Mes chers semblables

comment pouvez-vous

encore vous courber ?

Comment pouvez-vous

ne pas sourire ?

Ouvrez les fenêtres.

Je me lave à la lumière

je sors sur le balcon

nu

pour respirer à fond

l'air éternel

aux fortes senteurs

de la forêt humide

au goût salé

de la mer infinie.

Le monde resplendit

infatigable.

Qu'il soit regardé.

Yannis RITSOS

Symphonie du printemps (Extrait)

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